" Bourges, le 20 juin 1837 [...] J’ai aperçu de loin la tour de la fameuse cathédrale de Bourges. Cette tour, objet de tous mes vœux, a disparu plusieurs fois derrière des plis du terrain. Enfin nous sommes parvenus à de certains petits marais où l’on cultive des choux, et qui entourent immédiatement la ville ; les gens du pays trouvent cela beau. "
" Tout ce que je puis dire de l’intérieur de cette vaste cathédrale, c’est qu’elle remplit parfaitement son objet. Le voyageur qui erre entre ses immenses piliers est saisi de respect : il sent le néant de l’homme en présence de la divinité. [...] Saint-Etienne, c’est le nom de cette cathédrale, l’une des plus belles de France. Le bas-relief au-dessus de la porte principale représente le Jugement dernier. "
" Après avoir pris force café au lait, toujours à la chicorée, je me suis hâté de retourner à la cathédrale, pour les beaux yeux de laquelle je subis toutes ces peines. Elle a achevé ma conquête […] C’est surtout vue du jardin de l’archevêque qu’elle produit un effet charmant. La découverte de ce jardin, où l’on trouve des ombrages sombres par une journée de soleil éclatant, a été un véritable bonheur pour moi. "
" J’entends au bout du jardin une marche militaire ; j’approche de la balustrade, je vois des canonniers qui s’exercent autour d’un petit parc de douze ou quinze pièces. Je descends auprès des canons, et je découvre une tour ronde dont la base formée de gros blocs est évidemment un ouvrage des Romains. "
" Il m’a conduit à la cour royale, établie dans l’hôtel de Jacques Cœur : rien n’est plus curieux. C’est un charmant ouvrage de la Renaissance ; la cour, de forme très allongée, est la plus jolie et la moins régulière du monde. A l’exception de quelques croisillons ou meneaux, qui ont été ôtés des fenêtres, on dirait que Jacques cœur n’a quitté son palais que de la veille. Partout on voit ses armes parlantes, des cœurs comme ceux d’un dix de cœur. "
" Mon jeune guide m’a conduit à la maison des Enfants-Bleus, récemment achetée par la ville pour y placer les religieuses de la Doctrine chrétienne. Cette maison est plus jolie encore que celle de Jacques Cœur ; c’est un charmant petit chef-d’œuvre, c’est l’architecture de la Renaissance dans toute sa grâce. Jamais je ne me serais pardonné d’avoir quitté Bourges sans la voir, ou plutôt je n’aurais jamais cru les récits qu’on m’en aurait faits. C’est le beau idéal de la chevalerie. "