Fiche 10 : le développement des activités commerciales et financières dans le centre-ville

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En 1853, la rue Moyenne – dont le tracé est d’origine gallo-romaine – est percée de la caserne Condé jusqu’à la Manutention militaire. Cette voie cesse alors d’être un cul de sac. Dix ans plus tard, le conseil municipal de Bourges envisage de faire de cette rue la future artère financière et commerciale de la ville (documents 67a et 67b). Des années 1870 aux années 1900, celle-ci s’ouvre vers la place Séraucourt et s’élargit, tout en conservant sa ligne sinueuse traditionnelle.


La rue retrouve la fonction d’axe majeur de la vie administrative et économique qu’elle possédait durant l’Antiquité gallo-romaine et possède les symboles de la société bourgeoise urbaine. Fondé vers 1875 par le limonadier M. Margueritat, le « Grand Café » est situé 16 rue Moyenne et accueille au premier étage des salons réservés au Cercle militaire. Dès 1896, cet établissement moderne organise les premières séances de cinéma (document 68). A la « Belle époque », la rue Moyenne est devenue la grande artère économique de la ville. Elle accueille des bâtiments monumentaux aux styles éclectiques qui abritent les activités de banquiers, d’assureurs, de commerçants, ainsi que des immeubles neufs dits « de rapport ».


La finance investit la nouvelle artère centrale de la ville de Bourges ainsi que les rues avoisinantes. En 1863, l’ensemble de la ville compte 2 banques, 1 agence financière et 14 compagnies d’assurances situées dans différents lieux de la cité. Quarante années plus tard, Bourges compte 11 banques, 3 agences financières et 55 compagnies d’assurances, souvent situées dans le nouveau centre des affaires de la ville. La banque « Société Générale » s’établit en 1912 près de la rue Moyenne, à l’angle de l’actuelle rue Pellevoysin et de la place Planchat (document 69). La même année, la chambre de Commerce s’installe dans un bâtiment néogothique situé dans la même rue (document 70). Le président de la chambre de Commerce d’alors n’est autre qu’Albert Hervet, président de la banque Hervet, une banque berrichonne établie place de la préfecture (actuelle place Marcel Plaisant).


Ce centre financier moderne est aussi devenu un centre commercial. En 1830, M. Aubrun possède une boutique de draps en haut de la rue Coursarlon. Habile gestionnaire et entrepreneur, il rachète systématiquement toutes les petites boutiques voisines et ouvre un grand magasin possédant une vaste surface de vente dans le rue Moyenne. Mais, à la fin du XIXè siècle, il doit fait face à la rude concurrence de grandes chaînes nationales qui installent leurs magasins le long de la rue Moyenne en position d’angle avec une rue secondaire. Vendant de nombreux articles à bas prix, ils causent la perte de maisons plus modestes telle celle « du Bon Marché » de Félix Merlin. Ce sont La Samaritaine en 1895, Les Nouvelles Galeries en 1904 et les Dames de France en 1907, située place Planchat (document 72). D’autre part, Georges Forest ouvre une confiserie en 1895 à la gloire de la plus célèbre de ses spécialités, la Forestine, dans un grand immeuble de type haussmannien à pan coupé (document 71). Cet immeuble marque l’entrée de la rue Moyenne.


A la suite d’une décision du conseil municipal de Bourges, un marché couvert est construit en 1886. Réalisé en même temps que la percée du boulevard de la République, ce bâtiment bien desservi possède une surface totale de 2 200 mètres carrés et permet un meilleur fonctionnement des marchés (document 73). Il possède de belles structures métalliques associées à des pans de verre, ainsi que des fines colonnes de fonte, forgées et usinées par les établissements Mazières de Bourges (voir fiche 4). Il accueille actuellement le marché du dimanche place Saint-Bonnet. A la fin du XIXè siècle, Bourges accueille encore des petits marchés spécialisés tel le « marché aux pommes » situé place Berry (actuelle place Jacques Cœur), derrière le palais du grand argentier de Charles VII (document 74). Ce marché disparaît en 1904 lorsque des travaux transforment la place en jardin.


La « Belle époque » est aussi une période propice à la construction ou à l’acquisition de nouveaux équipements institutionnels, tel l’ancien palais archiépiscopal transformé en Hôtel de Ville (voir fiche 11).