Fiche 9 : la construction de nouveaux établissements scolaires
| Partie 2 C) |Des années 1830 aux années 1880, le clergé catholique est influent à Bourges et contrôle le système scolaire primaire berruyer. L’Etat ne se charge que de quelques établissements d’enseignement secondaire, dont le lycée de Bourges établi en 1803 dans l’ancien Collège des Jésuites rue de Paradis (actuelle rue Edouard Branly). Ce dernier accueille en 1868 le professeur de physique Edouard Branly, futur membre de l’Académie des Sciences et inventeur du radioconducteur (document 60). Cette invention permet la création de la télégraphie sans fil, ancêtre de l’actuelle radiodiffusion.
A partir des années 1880, le développement de la laïcité provoque l’abolition de l’arsenal législatif précédent, favorable à l’enseignement religieux. Les lois Jules Ferry du 16 juin 1881 et du 28 mars 1882 établissent l’instruction primaire obligatoire et la gratuité absolue dans les écoles publiques. Cette période correspond à l’administration d’Eugène Brisson (1878-1888) (voir documents 51a et 51b) (voir fiches 8 et 10). La municipalité prévoit l’édification de nombreuses écoles primaires à Bourges pour faire face à la poussée démographique, satisfaire les besoins des nouveaux quartiers et concurrencer les écoles privées catholiques. Les constructions d’écoles publiques sont poursuivies par toutes les municipalités berruyères pendant une trentaine d’années (document 61).
Le 19 mars 1881, le conseil municipal de Bourges décide de bâtir le premier groupe scolaire public berruyer public, le groupe d’Auron, près de la rue des écoles (ex-rue des chattes) (documents 62, 63 et 64). Un premier îlot, au nord-ouest, est destiné à la construction d’une école de garçons tandis qu’un second îlot, au sud-est, doit accueillir une école de filles. Son succès est rapide. Dans une lettre écrite le 9 mai 1894 au maire de Bourges Henri Mirpied, l’inspecteur d’académie E. Lloubes signale que les locaux scolaires sont insuffisants pour accueillir l’ensemble des élèves.
Après la création du groupe scolaire d’Auron (1883), vient celui du cours Chertier (1887), de la rue Nicolas Leblanc (1888), de celui de Lazenay (1893), de la rue de Beaumont (1896) et de la rue Barbès (1904). La municipalité crée également de nouvelles classes pour les écoles maternelles et primaires berruyères. Dans ce dernier quartier à la population croissante, la création d’un groupe scolaire public entre directement en concurrence avec les écoles privées recevant les enfants des ouvriers employés à l’usine de Mazières (voir fiche 4). La réalisation du dernier groupe scolaire, celui de Pignoux n’intervient qu’en 1911 car la population se heurte à l’inertie de la municipalité alors confrontée à des difficultés financières.
Le 5 mars 1882, Eugène Brisson inaugure également l’Ecole Nationale des Beaux-Arts place des Carmes (actuelle place Cujas) sur l’emplacement de l’ancienne église du couvent des Carmes démolie en 1878 (document 65). La façade d’entrée colorée sur la place des Carmes dispose d’une ornementation surabondante et éclectique (document 66). En 1898, l’Ecole se rapproche du monde industriel et prend le titre d’Ecole Nationale des Arts Appliqués à l’Industrie (E.N.A.A.I.) : sa réputation de qualité n’est alors plus à faire en France. En 1966, l’ouverture du lycée Alain Fournier permet de transférer les lycéens berruyers vers ce nouvel établissement. Les étudiants de l’E.N.A.A.I. sont placés dans l’ancien lycée de Bourges qui accueille aujourd’hui l’Ecole Nationale des Beaux Arts. Le bâtiment vide de l’Ecole Nationale des Arts Appliqués à l’Industrie est abattu en 1976 afin d’aménager le parking de la place Cujas, près de la rue Moyenne. Celle-ci est alors la principale artère commerciale et financière de Bourges depuis la fin du XIXème siècle (voir fiche 10).