Fiche 2 : l’aménagement de la zone du canal de Berry

| Partie 1 B) |



Au XIXè siècle, la France se dote de voies navigables afin d’acheminer des produits à bas prix et de développer l’économie nationale. L’ouverture du canal de Berry en 1839 – rattaché au canal latéral à la Loire – permet de relier les principales zones agricoles et industrielles du département. Dès cette période, il permet de désenclaver la ville de Bourges tout en lui faisant jouer le rôle de marché régional agricole (documents 2 et 9). Le faubourg d’Auron, situé à l’ouest de la ville, bénéficie directement des activitésgénérées par cette nouvelle voie d’eau.


Comprenant l’enjeu que représente le canal de Berry pour le futur développement économique de Bourges, la municipalité, dirigée par Philibert Mayet-Génétry, cherche à aménager la zone du canal en y créant un complexe commercial. En 1830, un projet proposé par Barthélémy Juillien (voir fiches 1 et 5), architecte honoraire de la ville, envisage de construire conjointement un abattoir et une halle au blé de part et d’autre du canal de Berry. Faute de moyens financiers, les autorités locales décident de construire une halle au blé car celle-ci est jugée prioritaire par la municipalité : la ville de Bourges a besoin d’un équipement public commercial moderne afin de faciliter les échanges et de prévenir d’éventuelles émeutes frumentaires. Bâtie sur l’ancien terrain du couvent des Cordeliers, elle est mise en service le 2 avril 1836 (documents 12 et 13). L’ancien marché au blé de la place Bourbon – actuelle place de la Nation – est supprimé. Dotée d’une architecture parente de celle du marché Saint-Germain de Paris, la Halle au blé se compose de quatre galeries d’arcades entourant une cour intérieure à ciel ouvert. Cet édifice est admiré par Stendhal lors de son séjour à Bourges l’année suivante (document 1 et fiche 1). En 1895, la Halle au blé est recouverte d’une charpente métallique et d’ardoises. Aujourd’hui, elle accueille le marché du samedi.


Lors du conseil municipal du 28 mars 1837, le terrain communal de la Chappe est retenu pour construire le nouvel abattoir municipal. L’architecte Hippolyte Roger est chargé de le bâtir (documents 14 et 15). Conformément à l’idéologie hygiéniste de cette période, celui-ci est situé en dehors de l’enceinte de Bourges et près d’un chemin longeant le canal de Berry. Pour des raisons budgétaires et de lenteur administrative, les travaux de construction s’étalent sur plusieurs décennies : le nouvel abattoir est inauguré le 23 juin 1864 par le maire Pierre Planchat et le préfet du Cher (document 16). Cet édifice moderne d’utilité publique occupe une surface de 10 000 mètres carrés et possède un plan carré délimité par une enceinte continue. Le bâtiment principal, l’abattoir, est composé d’un système de cases d’abattage et comporte sur ses côtés des écuries, des porcheries, des étables, des remises et de nombreux bâtiments annexes. Derrière cet ensemble, de grands terrains humides sont prévus pour le marché des animaux de boucherie. Ce lieu porte le nom de pré d’eau : plus tard, par une déformation de son nom, on l’appellera le Prado. L’abattoir est abattu en 1981.


Ce complexe commercial (canal de Berry - Halle au blé - Abattoir municipal) situé dans la proche périphérie de la ville est associé à la construction d’un port et d’un bassin de débarquement des marchandises – aujourd’hui disparu – à partir de 1850 (documents 9 et 10). Le faubourg d’Auron devient une nouvelle zone commerciale qui favorise l’implantation d’entreprises industrielles privées dans la zone du canal, mais dont l’existence est souvent éphémère. Les Forges et Fonderies de Bourges s’installent en 1839 sur l’emplacement du moulin à eau de Messire Jacques, au confluent de l’Auron et du canal de Berry. Après avoir changé plusieurs fois de propriétaire, l’usine est rachetée en 1907 par la Société métallurgique du centre qui modernise l’établissement (document 11).


A cette période, le canal de Berry a été supplanté par un nouveau moyen de transport plus économique et plus rapide : le chemin de fer (voir fiche 3).